Reflets du Cinéma du Maghreb

France, 1972, 1 h 40, couleur
Réalisation & scénario : René Vautier
Photographie : Pierre Clément
Interprètes : Alexandre Arcady, Hamid Djellouli, Philippe Léotard, Jacques Cancelier, Jean-Michel Ribes, Alain Scoff, Michel Elias, Yves Branellec
Distribution : Cinéma Public Films

Prix de la critique internationale, Cannes 1972

« Fous pas ton pied dans cette merde,
C’est une vraie histoire de fou,
Pas ton pied dans cette merde,
Ou bien t’y passeras jusqu’au cou »
(Refrain d’une chanson du film)

Le 21 avril 1961, un commando de l’armée française détruit une cache de l’Armée de libération nationale algérienne. Un Français est tué, un autre, instituteur, est blessé à la jambe. Un Algérien, Youssef, est fait prisonnier. Bloqué, le commando vit par la radio le putsch des généraux d’Alger.

Cette immobilisation, cette pause dans les combats est l’occasion de revenir sur le passé. On revoit le chemin parcouru par cette troupe de « têtes brûlées » d’origine bretonne habilement reprise en mains par le lieutenant Perrin (interprétation magistrale de Philippe Léotard) qui sait utiliser la peur, la souffrance et la cohésion du groupe pour en faire de « vrais » soldats. Nono, cependant, ne s’inscrit pas dans cette logique…

Construit comme un documentaire, le film est fondé sur l’expérience du réalisateur et sur de nombreux témoignages recueillis auprès d’anciens appelés d’Algérie. René Vautier a eu de grandes difficultés pour le réaliser. Ce n’est qu’en 1971 qu’il a pu le mener à bien et il n’obtint le visa de diffusion qu’après une grève de la faim.

C’est un des rares films français qui traite de la guerre d’Algérie vue du côté des appelés dont le général Jacques de Bollardière disait : « Quant aux jeunes du contingent, dont on parle très peu, ils mettront longtemps à se remettre de cette guerre. Il m’arrive tous les jours d’en rencontrer, qui m’avouent avoir gardé un tenace et horrible souvenir de ce qu’on les a contraints à faire ».