Accueil


Etonnante Corée


La Corée, pays de très vieille civilisation, qui a apporté en particulier à l’humanité, bien avant Gutenberg, l’invention de l’imprimerie, a connu une longue période de repliement, de stagnation, puis d’occupation coloniale, de dictatures et de déchirements fratricides. Elle reste aujourd’hui encore un des derniers vestiges de la « guerre froide », toujours divisée entre deux Etats ennemis, avec la présence pesante au Nord d’une dynastie tyrannique et au Sud de bases militaires américaines.

Depuis une vingtaine d’années, cependant, la Corée du Sud étonne le monde par son ouverture démocratique, son dynamisme économique, sa capacité à accueillir de grands événements sportifs, son renouveau culturel. Elle se distingue tout spécialement par son cinéma, sa pléiade de réalisateurs et acteurs talentueux, reconnus à la fois par le public local et la critique internationale.

Pour la dixième édition de notre festival, nous avons voulu dresser un état de cette « nouvelle vague » cinématographique coréenne, encore méconnue en France en dehors des cercles de spécialistes - au moment même où apparaissent peut-être en Corée ses premiers signes d’essoufflement, de moindre inventivité, voire de remise en cause politique. Nous vous proposons de découvrir pendant deux semaines, dans l’ensemble des salles de cinéma de la Mayenne, une cinquantaine de films coréens, la plupart récents, certains inédits, toujours très singuliers. Avec, en compléments de programme, des rencontres avec des invités, des conférences, des expositions, des initiations à l’histoire et la littérature coréennes, le chamanisme, le taekwondo, la cuisine, les costumes, l’art du go…

Nous manifestons notre gratitude à l’Ambassade de Corée, au Centre culturel coréen et à l’Office national du tourisme coréen, qui ne nous ont pas ménagé leur soutien et qui ont bien voulu inscrire notre projet dans le cadre du 120ème anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Corée.

Nous avons eu la chance de bénéficier des conseils avisés et des concours efficaces d’Adrien Gombeaud, Pierre Rissient, Georges Arsenijevic et d’autres grands connaisseurs de la culture coréenne. Ils ont été nos guides ; nous souhaitons qu’ils deviennent maintenant les vôtres pour ces « Reflets du cinéma coréen ».

Antoine Glémain
directeur
Willy Durand
responsable des programmations d’Atmosphères 53




Le festival « Reflets du cinéma » a été créé par Atmosphères 53 en Mayenne en 1997. Il se déroule chaque année au printemps dans l’ensemble du département. Comme son nom l’indique, il a pour ambition de refléter un état du monde cinématographique - et un état du monde tout court - par le biais d’une thématique chaque fois renouvelée.

La première édition, en 1997, a été consacrée au cinéma espagnol. Elle nous a permis de découvrir Tesis, le premier film prometteur d’Alejandro Amenábar, aussi bien que L’esprit de la ruche du rare et précieux Víctor Erice.

La seconde édition, autour du cinéma nordique, a été marquée notamment par une soirée spéciale Lars Von Trier, les premiers films de Thomas Vinterberg (Le garçon qui marchait à reculons, Les héros), ainsi qu’un stage mémorable conduit par Alain Bergala sur Ordet de Dreyer.

La troisième édition, « Reflets du cinéma méditerranéen », a été dominée par la présence de Théo Angelopolous en séance de clôture, mais a permis aussi la révélation des Sables mouvants, de Paul Carpita, des premiers films de Robert Guédiguian, comme Dieu vomit les tièdes, et de l’audacieuse Chronique d’une disparition d’Elia Suleiman.

Pour l’an 2000, nous avons choisi de mettre en valeur le « jeune cinéma » de tous les pays. Occasion d’une forte rencontre avec Emmanuel Finkiel, autour de Voyages, comme de la découverte d’une série de premiers et seconds films, en particulier asiatiques (The hole, de Tsai Ming-liang, After life, de Hirokazu Kore-eda).

Prélude à une édition 2001 entièrement consacrée au « cinéma d’Extrême Asie », la plus homogène peut-être, avec une concentration de grands films, comme Les démons à ma porte, Eureka, Le chant de la fidèle Chunhyang, In the mood for love, Yi Yi et tant d’autres, avec aussi une belle préparation des séances scolaires de La môme singe et Le roi des masques.

La 6ème édition, quelques mois à peine après l’attentat contre les Twin Towers, est partie à la recherche du « cinéma d’une autre Amérique ». Nous avons accueilli en séance d’ouverture l’actrice Anna Thomson et nous avons plongé à sa suite dans le cauchemar de films dérangeants, comme Sue perdue dans Manhattan, Mulholland drive, Bully, Requiem for a dream, non sans un moment d’apaisement devant le merveilleux premier film inuit, Atanarjuat.

En 2003, en compagnie de notre président d’honneur, l’écrivain Jean-Loup Trassard, nous avons exploré les « terres d’ici et d’ailleurs », c’est-à-dire le monde rural dans toute sa diversité, avec beaucoup de documentaires (Profils paysans, Être et avoir, Les terriens…), un beau film classique comme Les moissons du ciel, mais aussi, d’une manière plus inattendue, Japón ou Les harmonies Werckmeister.

La 8ème édition s’est attachée au renouveau du « cinéma d’Amérique latine », avec une attention particulière pour le jeune cinéma argentin, des rencontres avec de nombreux invités comme Enrique Colina, Joel Cano, Daniel Rosenfeld… et la présentation des documentaires étonnants réalisés par des Indiens d’Amazonie dans le cadre du programme « Vidéo dans les villages ».

La 9ème édition du festival, l'an dernier, a présenté un état des « cinémas du Maghreb ». Elle a été marquée par le grand film d'Arnaud des Pallières, Adieu, et de nombreuses rencontres avec des réalisateurs comme Daould Aoulad-Syad, Malek Bensmail, Ismael Ferroukhi, Jean-Pierre Lledo, Mohamed Zran et Said Ould-Khalifa. Elle a permis un retour distancié sur la guerre d'Algérie avec le regard des historiennes Raphaëlle Branche et Sylvie Thénault sur des films comme Les oliviers de la justice, La bataille d'Alger et Avoir 20 ans dans les Aurès. Elle s'est inscrite enfin dans l'ensemble plus vaste des manifestations du « Printemps du Maghreb en Mayenne ».

Voir le site des Reflets du cinéma du Maghreb.